Au moment où le « social » apparaît à nouveau comme un point de clivage essentiel entre la Droite et la Gauche dans la campagne présidentielle de 2017 qui va débuter, où certains avancent l’idée du « revenu universel » comme réponse à la raréfaction annoncée de l’emploi salarié donc à une situation durable de chômage structurel, il paraît nécessaire de clarifier une des finalités du « social » : solidarité OU assistanat.

Ces deux caractérisations se rattachent à un clivage profond, sans doute irréconciliable puisqu’elles sont le résultat de deux visions opposées de la société, celle de la Droite où le Travail (mais elle a oublié dans ce cas précis sa contrepartie qui l’officialise sans contestation) est considéré comme une Valeur constituant un des socles de la Dignité de l’Homme et celle de la Gauche où le Travail est considéré comme une aliénation de l’Homme, dans le droit fil de la pensée de Paul Lafargue, fondateur du Parti Ouvrier en 1880 (avec Jules Guesde) et auteur du « Droit à la paresse » en 1880 (et 1883), titre qui résume à lui seul le fondement de la pensée socialiste mais aussi sans doute la cause originelle de son échec universel.

Pour pallier à des accidents de la vie subis (chômage, maladie, handicaps, …), qui conduisent à des situations de faiblesse qui jettent sur le bord de la société donc de la République, nombre de nos compatriotes, privés des moyens de vivre, la Nation, par le biais de l’Etat et des organismes qu’il a créé dans le domaine dit « social », alloue des revenus de remplacement (RSA, diverses allocations – chômage, ASS, adultes handicapés, femmes seules, logement, etc,… ), CMU. En l’état actuel de la législation, l’Etat ne demande aucune contrepartie sauf dans quelques cas un plafond de revenus.

C’est cette situation que la Droite considère et définit comme « assistanat » et que la Gauche considère comme étant le « social », arguant du fait que demander une contrepartie quelconque à des personnes déjà éprouvées est ou serait inhumain.

Il faut d’abord rappeler qu’il existe déjà une contrepartie invisible dans cette situation : les allocations perçues – les minima sociaux, le RSA, l’ASS des fins de droits au chômage notamment – ne valident pas ou peu, sauf exceptions, de trimestres pour le calcul de la retraite de sorte qu’une facture est bien présentée au final sous forme d’une minoration du montant de la retraite à percevoir, le seul filet restant étant le minimum vieillesse. D’autre part, refuser de demander une contrepartie quelconque hors formations à suivre paraît être l’acte suprême de la négation de la personne humaine, le rejet définitif sous couvert d’une sorte de « pitié républicaine » inacceptable, comme du temps où la « bourgeoisie » jetait une pièce par charité aux « nécessiteux » pour se donner bonne morale et se dédouaner ainsi de ses responsabilités … Il faut constater que cette attitude s’inscrit directement dans la pensée du « Droit à la paresse » de 1880/1883. En fait, qu’on le veuille ou non, il s’agit bien d’un « assistanat », indigne de la République.

Au contraire, demander une contrepartie quelconque au-delà des formations à suivre – un travail réduit – dans le domaine de l’intérêt général (dans l’environnement, le soutien aux personnes âgées par exemple, …) préserve la Dignité de ceux qui reçoivent les allocations car ils ne sont plus alors « à charge » de la Nation mais « participant à l’intérêt général » de la Nation.
Mais il y a une condition absolue, incontournable pour cela : c’est que cette « participation à l’intérêt général » de la Nation effectuée de cette manière soit effectivement reconnue comme un travail et non considérée comme une sorte de sous travail fait par des sous hommes même si ce n’est jamais dit. Il faut que les allocations perçues, revalorisées pour tenir compte des frais et des seuils, permettent la validation normale des trimestres pour le calcul de la retraite comme pour tout autre travail. Et c’est ainsi que « l’assistanat », si destructeur, se transforme en « solidarité », expression supérieure de la Fraternité qui figure dans la devise nationale qui honore la France.

Ainsi, il n’y a plus d’exclus ou « d’assistés », mais des personnes qui, éprouvant des difficultés pouvant être grandes, bénéficient de la Solidarité de la Nation et qui participent toujours, malgré leur situation, au développement de la Nation. De la sorte, parce que le travail effectué par eux est opposable à tous, ils restent égaux en Dignité c’est-à-dire qu’ils restent fondamentalement des êtres humains, des Citoyens parmi les autres Citoyens.

Michel MERCIER
Président de l’Union Gaulliste pour la Démocratie UGD